L'aquariophilie n'est pas toujours un long récif tranquille (par Régis DOUTRES)
Février 2003 : mon bac principal de 800 litres a maintenant 6 ans et demi. Si jeune encore… et pourtant il porte déjà en lui les stigmates d’un passé douloureux que seul un âge vénérable pourrait justifier. La vie n’est pas un long récif tranquille…
Fin 1999, quelque peu enthousiaste suite aux évolutions prometteuses que connaissait mon aquarium, je me suis laissé emporter et ai rédigé un petit papier, publié en mars 2000 dans Lettres Récifales, figurant actuellement sur le site de Récif France : rubrique « aquari-home ». Trois années se sont écoulées, et je me rends compte que je ne tiendrais plus aujourd’hui exactement les mêmes propos. Par exemple j’éviterais toute phrase du genre « mes animaux me semblent être en bonne santé », préférant une formulation beaucoup plus nuancée encore : « certains de mes animaux me semblent être actuellement en bonne santé, mais cet état est précaire et tout peut changer en bien peu de temps ». Il faut dire qu’entre temps, j’ai connu quelques déboires…
L’épisode le plus marquant fût sans doute celui du printemps et de l’été 2000, qui débuta un mois à peine après la parution du récit mentionné ci dessus. Cela aura été la période la plus pénible, pour diverses raisons : tout d’abord ce fût la première ; ensuite elle survenait juste après une phase d’amélioration continue au cours de laquelle tout allait de mieux en mieux, me laissant croire qu’enfin, je faisais tout comme il le fallait (rires !) ; enfin elle dura longtemps, très longtemps, plusieurs mois… Un compte rendu de cette histoire se trouve sur le site de Guy Chaumont : Récifs, rubrique « autres bacs à découvrir ».
Si je n’ai rien écrit depuis cette date, ce n’est pas parce que les problèmes manquaient… mais ceux ci n’avaient rien de remarquable me semble-t-il. Et puis, on finit par s’accommoder de tous ces petits détails qui montrent que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleurs des récifs possibles. Jusqu’au jour où…
Été 2002 : la guerre des vers
J’ai depuis un certain temps un acropora valida, potentiellement magnifique,
avec des pointes violettes. Le problème, c’est qu’il n’a jamais
été très longtemps violet. Sa coloration évolue
assez vite, surtout dans le sens de la perte de coloration… Après
généralement de courtes périodes où je peux
profiter du violet, sa teinte vire au marron clair, voire même très
clair. Parfois cette phase est accompagnée de pertes des tissus
au niveau de la base. Puis après quelques semaines le violet revient,
mais il n’est jamais aussi intense qu’il ne l’a été au début
de l’acquisition de l’animal sous forme d’une bouture. Cependant, globalement,
cet acropora se développe, et parfois se développe même
très vite. J’ai ainsi eu l’occasion de le changer plusieurs fois
de place, cassant le pied mère et plaçant quelques morceaux
à d’autres emplacements. Jamais rien n’y a fait, il ne m’a jamais
donné satisfaction où qu’il soit. Il se trouve qu’il n’est
pas le seul à être dans ce cas : j’ai notamment un autre acropora
qui se comporte de la même façon, qui normalement devrait
être couleur lilas foncé avec des polypes jaune-vert. Or si
les polypes restent effectivement jaune-vert, le corps est uniformément
brun clair, et parfois une teinte lilas apparaît sur le dernier millimètre
des pointes. D’ailleurs ce second acropora a connu une phase de régression
sévère, où la perte des tissus ne s’est pas limitée
à la base. C’était il y a un an et demi environ, et à
ce moment, de rage, j’avais jeté la colonie, où du moins
ce qu’il en restait… sauf quelques millimètres carrés, qui
avaient colonisé le décor. À ce jour, ces quelques
millimètres carrés se sont transformés en une dizaine
de centimètres carrés, avec quelques pointes de 2-3 cm de
hauteur. Mais toujours les mêmes symptômes.
En juin 2002, un des pieds de l’acropora valida était dans une
phase de croissance intense, et les pointes étaient raisonnablement
colorées, me laissant plein d’espoir quant-à l’avenir. Qui
plus est, l’aquarium dans son ensemble se trouvait dans une période
faste. C’était l’occasion de faire des photos ! Celles ci se trouvent
sur Reef Guardian, rubrique « bacs en vrac », et également
sur Récifs. Mais cela ne dura, comme d’habitude, que peu de temps.
Début août, je n’avais plus qu’un massif brun clair sans aucun
tissu à sa base.
J’ai tout retiré, et c’est alors que j’ai observé, sur
les parties basses où le squelette était mis à nu,
des centaines de petits points bruns sphériques de quelques dixièmes
de millimètres de diamètre. J’en avais déjà
observé par le passé, mais quelques-uns seulement. Je les
avais déjà identifiés comme étant vraisemblablement
des œufs, d’origine inconnue… il y a tellement de formes de vie dans un
bac récifal… Cette fois la coïncidence était flagrante
: tant d’œufs sur les parties mortes d’un acropora qui a régressé
si soudainement. J’ai conservé les fragments infestés pendant
trois semaines environ dans un récipient, mais n’ai observé
aucune évolution. Puis à force de naviguer sur les sites
internet de nos voisins allemands, je suis tombé sur la réponse
: Acropora Strudelwürmer ! Plutôt qu’une longue description,
je vous renvoie vers un article très explicite (même si vous
ne lisez pas l’allemand, vous comprendrez vite au vu des photos remarquables…).
Pour en savoir plus encore, vous pouvez effectuer une recherche sur le net avec le mot clé acropora
strudelwürmer grâce à Google par exemple. En deux mots,
ce sont des turbellariés, des vers plats, comme les planaires, mais
qui sont invisibles car transparents quand ils sont sur leur hôte,
qui rampent sur les acroporas et les sucent… Mais bien sûr, c’était
évident, mes acroporas avaient tous les signes caractéristiques
de cette peste. C’est tellement évident, une fois qu’on le sait.
Je peux vous certifier que ces vers sont réellement invisibles
(les photos du site précédent le prouvent !), ce qui me déculpabilisera
un peu… mais les traces de succion, elles, sont quand même visibles,
à tel point que je me demande comment je n’ai pu y voir que des
décolorations sans identifier clairement ces petites taches circulaires
claires.
Avec le recul, je peux dire que cela fait longtemps que ces indésirables
séjournent dans mon aquarium. Manifestement ils ne s’attaquent qu’à
certains types d’acroporas, car jamais je n’ai eu ces symptômes sur
aucun autre SPS, même voisins immédiats des animaux touchés.
Apparemment leur population n’a jamais été importante, les
acroporas touchés continuant à croître, parfois même
se colorant à nouveau comme si l’infestation cessait. Peut être
mon pseudocheilinus hexataenia ou mon synchiropus splendidus se chargent-ils
de limiter cette population ? Ou encore la sténopus hispidus ?
La recette pour s’en débarrasser est a priori simple : un bain
de lugol ou de bétadine, à raison de 2ml par litre d’eau,
pendant une dizaine de minutes. Ensuite on secoue l’acropora vivement dans
l’eau de traitement et les vers s’en détachent (il aura fallu extraire
les crabes symbiotiques le cas échéant, pour leur éviter
une mort certaine sous l’action de l’iode). Là encore, consultez
l’article pour de plus amples détails. Mais il faut sortir
l’acropora du bac, et je vous laisse deviner l’ampleur de la tâche
dans certains bacs où les SPS sont bien implantés… Je l’ai
fait pour certains pieds accessibles (et j’ai éprouvé un
grand plaisir à ébouillanter les vers récupérés
!), mais à moins de détruire mon décor et finalement
de recommencer mes bacs (ce qui est contraire à mes idées
sur la valeur d’un aquarium liée à sa pérennité),
je sais que je ne pourrai pas tous les retirer ainsi. Et je me résigne
: je retirerai petit à petit ces quelques souches d’acroporas cibles
des parasites, et j’étoufferai les tissus restant qui colonisent
les roches vivantes du décor. J’ai d’ailleurs commencé… La
seule interrogation qui reste concerne l’évolution des prédateurs
: vont-ils disparaître avec les animaux qu’ils colonisaient, ou vont-ils
changer leurs habitudes et infester d’autres espèces ? Je n’ose
pas imaginer la suite dans le second cas… Si entre temps j’ai l’occasion
de me procurer des nudibranches du genre Cheilidonura, je testerai, sachant
que ce n’est pas parce que ces braves nudibranches dévorent les
planaires qu’ils apprécieront ces strudelwürmer !…
La dernière attaque (début février 2003) a été
soudaine et importante : une bouture introduite nouvellement en novembre
2002 (acropora nobilis ?) s’est décolorée rapidement en quelques
jours. Je l’ai retirée et cette fois, il y avait tellement de parasites
que j’en ai vu quelques-uns à l’œil nu. Après un nouveau
traitement, j’ai eu la surprise de voir plus d’une vingtaine de ces vers
sur cette bouture de 5 centimètres à peine…
Finalement, je suis rassuré de savoir maintenant pourquoi je
ne parviens pas à maintenir acropora valida (ainsi que quelques
autres variétés) dans mon bac, soulagé de savoir que
ce n’est pas un problème spécifiquement lié à
la qualité d’eau ou à des erreurs dans la maintenance (je
précise « spécifiquement », étant parfaitement
conscient que je suis aussi confronté à des problèmes
de qualité d’eau et des erreurs de maintenance…).
Le réveillon 2002-2003 : une horreur !
Ce lundi 30 décembre 2002, 15 heures, je reçois un aquariophile.
Nous discutons devant mes bacs dans le salon, puis je lui fais visiter
l’installation technique, qui se trouve dans le garage situé sous
le salon. Lorsque nous remontons, je constate que tous les polypes des
pocilloporas sont totalement rétractés et que mon catalaphyllia
est en train de se refermer, comme cela lui arrive plusieurs fois dans
l’année. Quant-aux pocilloporas, cela leur est déjà
arrivé. Je soupçonne d’ailleurs que ce comportement
est lié à l’émission de planulas.
Après le départ de mon invité, je profite du fait
que le catalaphyllia est rétracté : il est devenu trop gros,
cela fait un bon moment que je dois intervenir et le couper. C’est l’occasion
à saisir : je le sors du bac et pose trois bandes de pâte
époxy sur son squelette, de façon à nécroser
à ces endroits là les tissus, pour ensuite pouvoir le scier.
Je ne veux pas le scier directement, par crainte de déchirer les
tissus, avec les risques éventuels d’infection que cela comporte…
Je ne sais pas si ma façon de faire est meilleure, mais je me dis
que ma méthode est plus proche de ce qui peut arriver dans le milieu
naturel, lorsque l’animal est retourné sur le sable ou lorsqu’une
roche le recouvre en partie… Lorsque je replace l’animal dans le bac, celui
ci émet beaucoup de mucus. Mais là encore, rien de particulièrement
inquiétant, c’est courant pour un animal sorti de l’eau quelques
minutes.
À ce moment là, les polypes des acroporas avaient déjà
commencé à se rétracter. Dans la soirée, mon
dérasa se reproduit. Cela fait la cinquième ou la sixième
fois depuis qu’il est dans le bac. À chaque fois, sa reproduction
a été déclenchée par une de mes interventions
dans le bac : lorsque je nettoie longuement, que je taille, que je bouture,
et que toutes ces opérations durent quelques heures, il réagit.
Donc, rien d’alarmant : il a certainement « senti » ce que
j’ai fait au catalaphyllia…
Le lendemain, je remarque que mes acroporas sont bizarres : ils ne
sont pas épanouis, et j’ai même l’impression qu’ils sont plus
pâles que la veille. Par contre rien à signaler du côté
des autres coraux : tout est normal, sauf bien sûr le catalaphyllia.
Je vérifie rapidement l’installation : tout est normal. Mais le
31 décembre, je ne passe évidemment pas la journée
à observer mon bac…
Le réveil au premier janvier est par contre douloureux : là
c’est sûr, il y a un gros problème ! Mes acroporas n’ont plus
aucune couleur. Plus la moindre trace de rose sur un acropora sélago,
plus le moindre reflet vert sur un acropora pourtant résistant et
toujours vert en toute occasion. Seuls deux acroporas, un bleu et un autre
violet, sont encore colorés, bien que plus pâles que d’ordinaire.
Ce seront les deux seuls à ne pas être vraiment touchés
par la suite… Mes autres SPS ne présentent aucun symptôme
particulier, ni au niveau de la coloration ni au niveau de l’épanouissement,
ce qui semble exclure un problème de pollution de l’eau ou un gros
problème de maintenance en général. D’autant que je
n’ai rien fait de particulier : tous les paramètres facilement gérables
sont parfaitement stables depuis des mois et des mois, et je n’ai rien
changé depuis des mois !
Les blanchiments en série ont commencé le 2 janvier :
j’ai coupé le matin, le midi, le soir… et cela a duré jusqu’au
6 janvier, avec une petite accalmie le 4. Les acroporas étaient
couleur « café au lait » très clair, certains
émettaient des filaments mésentériques, d’autres étaient
emprisonnés dans un voile de mucus… Les blanchiments s’apparentaient
à une RTN, avec les tissus qui se décollaient du squelette
comme de la dentelle. Mais cela n’était pas foudroyant, et ne semblait
pas atteindre la totalité de l’animal. Lorsque je cassais une branche
atteinte, cela semblait s’arrêter. Le lendemain, c’était
au tour d’une autre branche, sur les 4 ou 5 centimètres en partant
de l’extrémité. Mais pas de blanchiment massif d’un acropora
en entier. Quasiment tous les acroporas (sauf les deux mentionnés
plus haut) ont été touchés, aux quatre coins du bac.
Les autres SPS qui les jouxtaient n’ont strictement rien eu !
Le 8 janvier, alors que je n’avais rien dû casser la veille,
un de mes méandrinas des Caraïbes a blanchi lui aussi. Ce fut
le premier animal autre qu’un acropora à être touché…
et fort heureusement le dernier. Il était entouré de 5 autres
méandrinas, qu’il touchait, et lui seul a blanchi. Qui plus est
bizarrement alors que le problème était stabilisé
chez les acroporas. Le 10 janvier, je plongeais son squelette et le peu
de tissus qui y restait dans de l’eau de javel. Et ce fut la fin de cette
période Ô combien stressante.
Plus d’un mois plus tard, au moment où j’écris ces lignes,
les symptômes ont disparu et les acroporas ont pour certains totalement
retrouvé leur aspect initial. D’autres n’ont pas encore retrouvé
complètement leur coloration antérieure, mais sont en bonne
voie. J’ai finalement perdu un acropora (une bouture de 7-8 cm en fait),
et bien que de nombreux massifs soient aujourd’hui plus petits suite aux
tailles pratiquées, j’ai conservé toutes les souches. Le
catalaphyllia est de nouveau épanoui, je ne l’ai pas encore coupé
mais je peux le faire puisqu’il est désormais séparé
en quatre parties distinctes sur son squelette, comme je l’avais espéré.
Le plus dramatique, c’est que je ne sais pas ce qui s’est passé,
et que par conséquent cela peut se reproduire à tout moment
! Je peux affirmer sans concessions que durant les mois qui ont précédé,
je n’ai apporté aucun changement d’aucune nature à la gestion
de mon aquarium ! Qui plus est, comment serait-il possible qu’un acte de
ma part n’ait de répercussion que sur les acroporas, épargnant
toutes les autres espèces ? Qu’est ce qui a bien pu faire qu’eux
seuls soient touchés (exception faite du méandrina, mais
pour lequel j’ai bien envie de dire que le problème n’était
pas le même…) ?
Je me suis évidemment posé toutes ces questions pendant
la période critique, faisant le tour de toute l’installation pour
voir si quelque chose avait changé. Mais rien de rien ! Face à
cette absence de cause identifiée, je me suis refusé à
entreprendre toute action à l’issue aléatoire. J’ai
simplement effectué un changement d’eau de 120 litres le 3 janvier,
et j’ai renouvelé le charbon actif (que je renouvelle tous les débuts
de mois d’ailleurs) et en ai mis plus que d’habitude (d’habitude, je place
par mois 300 millilitres de charbon Dupla dans le courant d’eau de ma décantation,
et là j’ai doublé la dose). Le 7 janvier j’ai à nouveau
changé 60 litres. Pour être complet je dois ajouter que j’ai
essayé un bain de lugol sur une partie d’un acropora atteint, sur
lequel je venais de casser quelques branches blanchissant : le résultat
a été sans appel ! Quelques heures après l’avoir replacée
dans l’aquarium, celle ci avait totalement blanchi ! L’autre partie de
l’animal, qui n’a pas subi ce traitement, est toujours en vie… Cela me
conforte dans l’idée que, bien souvent, il vaut mieux ne rien faire
plutôt que d’entreprendre des actions à l’efficacité
plus que douteuse…
Finalement, j’ai eu beaucoup de chance : d’une part sur mes deux bacs,
un seul a posé problème et par conséquent je me remontais
le moral en regardant l’autre ; et d’autre part je pense à ceux
qui ont perdu un grand nombre de leurs SPS suite à des RTN foudroyantes…
L’eau
Entre le premier récit de la fin de l’année 1999 et aujourd’hui,
certaines de mes idées ont évidemment changé, et d’autres
n’ont pas changé !
Je ne reviendrai que sur deux points.
Le premier concerne l’eau. Je reste convaincu que parmi les problèmes
rencontrés, beaucoup sont liés à la qualité
d’eau médiocre offerte aux animaux hébergés. Je précise
: je ne parle pas des problèmes « grossiers » (nutriments
en trop forte concentration, eau jaune, déséquilibre ionique
suite à des apports non contrôlés…), qui sont en principe
facilement résolus par une bonne gestion de l’aquarium, mais de
problèmes plus délicats à gérer.
Par exemple, je suis convaincu que, dans le cas des aquariums densément
peuplés, la quantité de substances organiques émises
par les coraux eux-mêmes est telle qu’elle explique à elle
seule pourquoi certains animaux dépérissent lentement, refusant
de s’épanouir pleinement ou d’arborer leurs couleurs éclatantes.
Les arguments qui voudraient que l’écumeur retire ces substances,
ou que ces substances soient de courte durée de vie, ne sont nullement
prouvés. Quand bien même le seraient-ils, la question de la
vitesse d’inactivation et du taux de production de ces substances se pose
également : ce taux pourrait être suffisant pour qu’en permanence
leur concentration atteigne des seuils inacceptables pour certains organismes.
Il est tout à fait concevable que ce taux de production soit important
dans les aquariums « modernes », où chaque centimètre
carré est colonisé, qui plus est par des animaux qui n’ont
pas du tout l’habitude de se côtoyer dans le milieu naturel ! Comme
par ailleurs le brassage dans un aquarium récifal est efficace en
général, ces substances se retrouvent vite réparties
aux quatre coins de celui ci et leur portée s’en trouve élargie,
sans que la dilution soit importante comme elle peut l’être en pleine
mer.
Le second concerne les ajouts d’iode et de lugol. Avec le recul, je
dirai maintenant que si la coloration de mes animaux s’est améliorée
alors même que j’en rajoutais beaucoup (notamment du lugol), c’est
tout simplement parce que, à cette époque, mon aquarium était
dans un état euphorique. J’aurais pu faire tout ce que je voulais
et rajouter tout ce que je voulais, tout allait bien et l’aquarium pouvait
tout encaisser. Cette phase d’euphorie, de nombreux aquariophiles l’ont
apparemment connue, après une ou deux années d’existence
du bac. Lors de cette phase, tout se passe bien et la densité de
population dans le bac augmente, par croissance rapide des espèces
existantes et rajouts de nouvelles espèces, rajouts motivés
par l’impression solide que le bac a trouvé son régime de
croisière et que désormais, la partie est gagnée (et
si les choses se gâtent ensuite, c’est peut être pour les raisons
exposées plus haut…). Le lugol n’avait, je pense, finalement, rien
à voir avec ce qui se passait à ce moment là. J’ai
eu l’occasion par la suite d’essayer à nouveau d’en rajouter de
telles quantités… et je n’ai plus jamais rien observé. À
tel point que j’ai cessé tout ajout d’iode dans le bac pendant environ
6 mois, là encore sans rien avoir observé de particulièrement
positif ou de particulièrement négatif. Et mes xénias
pompaient toujours autant… Alors entre les partisans des ajouts d’iode
et leurs détracteurs, je ne sais plus quel camp rejoindre.
Et ce qui vaut pour l’iode vaut dans mon cas pour le strontium, le
fer, ou d’autres oligo-éléments. Je ne peux pas mesurer la
concentration des oligo-éléments dans mes bacs, ni savoir
sous quelle forme ils s’y trouvent, et par conséquent je ne sais
jamais exactement où j’en suis. Personnellement, je n’ai jamais
constaté dans l’un de mes deux bacs une quelconque amélioration
ou détérioration rapide (à l’échelle de l’heure,
de la journée voire même de quelques jours) suite à
un ajout d’iode ou autre élément. Je n’ai finalement jamais
assisté à une réaction assez rapide pour pouvoir établir
sans ambiguïté une relation de cause à effet.
Et je me sens totalement incapable d’attribuer sans ambiguïté
à un ajout une quelconque amélioration qui surviendrait
une semaine plus tard ! Trop de facteurs interviennent, et je ne vois pas
comment il est possible d’en isoler clairement un. Et ce d’autant plus
que, très régulièrement, pour ne pas dire en permanence,
je suis confronté à des périodes d’améliorations
générales de mes bacs qui alternent avec des périodes
de « déprime » de quelques semaines, tout cela sans
aucun ajout et sans aucune intervention de ma part (autre que le nourrissage
des poissons…). Comment pourrais-je alors objectivement isoler de toutes
ces fluctuations parasites un signal en faveur ou en défaveur d’un
produit ajouté ? Même des ajouts réguliers, sur une
durée assez longue (quelques mois), ne m’ont jamais permis de conclure
objectivement sur des effets positifs ou négatifs de tel ou tel
élément. Peut être ne suis-je finalement qu’un bien
piètre observateur… alors tant pis pour moi, je continuerai à
faire n’importe quoi !
J’assiste impuissant à toutes les périodes de déprime
de mes bacs.